Une crise humanitaire est en cours en Artsakh (Haut-Karabagh) depuis le 12 décembre 2022.
Les soldats de la dictature d’Ilham Aliyev (président de l’Azerbaïdjan) bloquent le corridor de Latchine : c’est la seule route menant à l’Artsakh, qui se retrouve sous blocus total, ses habitants privés de leurs droits les plus élémentaires.
Combien de temps 120 000 êtres humains peuvent-ils tenir sans gaz, sans électricité, sans vivres et sans médicaments par des températures négatives ? Les hivers sont rudes dans le Caucase. Stepanakert, la ville la plus peuplée d’Artsakh se situe dans ces montagnes à 813 mètres d’altitude.

Ce désastre humanitaire se poursuit dans l’ombre de la guerre en Ukraine, qui, à juste titre, mobilise toute l’attention internationale. Tout comme l’Ukraine, l’Artsakh est une démocratie oppressée par un régime dictatorial et expansionniste : le dictateur Ilham Aliyev affame la population d’Artsakh, tout comme il prive son peuple de droits fondamentaux (voir classement selon Reporter Sans frontières). Tout comme le peuple ukrainien, le peuple arménien d’Artsakh survit pour sa liberté malgré la tyrannie d’une dictature qui veut purement et simplement le rayer de la carte. Seule une mobilisation internationale peut renverser la donne face à la puissance d’un gouvernement corrompu qui tire sa richesse des hydrocarbures, qui va même jusqu’à revendre le gaz et le pétrole russe à l’Union Européenne (voir Le canard enchainé).
En affamant les 120 000 habitants de l’Artsakh (dont 30 000 enfants privés d’enseignement, faute de pouvoir chauffer les écoles), et en bloquant leur seule route de survie, l’Azerbaïdjan d’Aliyev souhaite mettre un terme à la présence millénaire des Arméniens. Cette région peuplée d’Arméniens, offerte à l’Azerbaïdjan par Staline en 1921 pendant le régime soviétique, est victime d’un nettoyage ethnique qui se poursuit depuis plus d’un siècle.
Pour bien comprendre cette logique génocidaire, rappelons les principaux pogroms commis par les azéris envers la population arménienne :
- 1905-1907 – Massacres arméno-tatares : 500 morts
- Septembre 1918 – Journées de septembre : 30.000 morts
- Juillet 1919 à Juillet 1920 – Soulèvements à Kars et Sharur : 10.000 morts
- 24-25 Décembre 1919 – Massacres d’Agulis : 1.400 morts
- June 1919 – Massacre de Khaibalikend : 700 morts
- Mars 1920 – Massacres de Shushi : 20.000 morts
- Février 1988 – Pogrom de Sumgaït : 200 morts
- Novembre 1988 – Pogrom de Kirovabad : 130 morts
- Janvier 1990 – Pogrom de Baku : 90 morts
- Avril 1992 – Massacres de Maragha : 100 morts
Rappelons également les nombreux crimes de guerre commis par le gouvernement Azerbaïdjanais depuis 2020 : décapitations, mutilations, viols de femmes soldats, exécutions de soldats désarmés, détention et torture de prisonniers de guerre, utilisation d’armes interdites, etc.
Ce blocus est un acte de génocide, déjà signalé par les ONG spécialisées (comme le Lemkin Institute for Genocide Prevention).
Quelques chiffres mis à jour quotidiennement par le Centre d’Information d’Artsakh, situation qui fait penser au confinement du COVID que nous avons connu mais en pire bien entendu (pas de nourriture ni de chauffage) :
- 6 enfants se trouvent dans les services de néonatologie et de réanimation.
- 9 patients adultes dont 4 dans un état extrêmement grave, sont hospitalisés en réanimation.
- A ce jour 204 bébés sont nés sous blocus.
- En raison de la suspension des interventions chirurgicales planifiées dans toutes les institutions médicales relevant du ministère de la Santé publique de la République d’Artsakh, près de 580 citoyens sont privés de la possibilité d’une intervention chirurgicale que leur état de santé impose.
- A ce jour par l’intermédiaire du Comité International de la Croix Rouge 70 patients au total ont été transférés en République d’Arménie pour y recevoir des soins adaptés.
- A ce jour près de 5 100 personnes ont perdu leurs emplois, donc leur unique source de revenus en raison de la situation économique difficile.
Plus de 22 400 tonnes de produits de première nécessité auraient été livrées en Artsakh s’il n’y avait pas eu le blocus au cours duquel seule une faible partie a été livrée par le Comité International de la Croix Rouge et le Contingent russe de maintien de la paix.
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